Programme 31 mars
Journée d’études « (Ra)conter, lire, transmettre, partager nos langues et nos cultures pour construire une citoyenneté européenne » 31 mars 2021, AFaLaC/ Le Mans Université Lien de connexion : https://univ-lemans-fr.zoom.us/j/99525390817?pwd=Vlg5ZDVncGJibTNFVEJrSmNPcEhoUT09
Lien vers le programme (sous réserve de modifications)
Lien vers la salle d'orientation : https://zoom.us/j/94497682238?pwd=SHllbGpRSjFFNEgzMjV1Q2c2dUkvUT09
De tout temps, en tous lieux, on a raconté, on raconte des histoires. Le conte, le mythe, semblent transcender l’espace et le temps (Lacoste-Dujardin, 2003) à l’instar du petit chaperon rouge qui, au-delà de ses lointaines sources chinoises, se décline, en France, au moins une trentaine de versions régionales (Delarue, 1951). A travers la langue qui les porte, ces récits proposent des modèles et imposent au sujet une représentation de lui-même et du monde (Gibello, 1995). Ils permettent de sortir du "chaos" primitif (Vernant, 1966) et contribuent ainsi à l'accès au sens. Fabrique de sens mais aussi mémoire vivante des civilisations, le mythe, le conte voyagent aisément et, sous une apparence parfois régionale et ethnique, véhiculent des valeurs universelles, où nous nous reconnaissons tous (Vernant, Anahiory, 2003) : amitié, partage, entr’aide, passage au monde adulte, etc. Dans cette journée pré colloque, nous souhaitons nous interroger sur la place de la littérature de jeunesse dans la construction de compétences interculturelles chez l'enfant et sa famille et en particulier des enfants entre deux langues, deux cultures. Quel rôle peut-elle avoir dans la construction d'une citoyenneté européenne, nécessairement plurielle ? Comment aide-t-elle à définir, affirmer ou (ré)interroger ces valeurs de citoyenneté européenne ? Quel rôle peut- elle jouer dans la transmission familiale, particulièrement en contexte transculturel où « il s’agit de maintenir une certaine cohérence entre ce que le sujet a pu être chez lui ailleurs, dans une autre langue, et ce qu’il doit être ici dans l’exigence d’un projet migratoire, et les exigences d’une société d’accueil » (Baubet T. et Moro, M.R. 2003) ? Cette journée rassemblera des acteurs associatifs, institutionnels, sociaux du monde de la création / de l’édition, de la formation / de l’enseignement et de la recherche. -------------------------------------------------- Eléments bibliographiques Armand, Françoise et alii. «Littérature jeunesse, éducation inclusive et approches plurielles des langues ». Nouvelle Revue Synergies. Canada, 2016, n°9, p. 1-5. Camille Lacoste-Dujardin, « Quelques voies et modalités de la variation culturelle, l’exemple de contes kabyles : pensée métisse et migration ? », dans : Jean-Baptiste Martin, Nadine Decourt (dir.), Littérature orale – Paroles vivantes et mouvantes, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2003, p. 24 Oro Anahory, « L’art du conteur est-il possible dans un monde de l’écriture et de l’image ? », dans : Jean-Baptiste Martin, Nadine Decourt (dir.), Littérature orale – Paroles vivantes et mouvantes, 2003, p. 181. Moore, Danièle et Cécile Sabatier. « Les approches plurielles et les livres plurilingues. De nouvelles ouvertures pour l’entrée dans l’écrit en milieu multilingue et multiculturel ». Nouveaux c@hiers de la recherche en éducation, 2014, 17.2, p.32-65., [En ligne: https://www.erudit.org/fr/revues/ncre/2014-v17-n2-ncre01902/1030887ar.pdf Perregaux, Christiane et Carole-Anne Deschoux. « Les livres bilingues: nouvelles ressources, nouvelles pratiques en classes? » Enjeux pédagogiques 8 (2008) : 38-39. Imprimé. Sneddon Raymonde. Bilingual Books - Biliterate Children: learning to read through dual languages books, Trentham Books, in partnership with Mantra Lingua, UK, 2009. --------------------------------------------------- Présentation des interventions : Nadja Maillard-De La Corte Gomez, université d'Angers « Deux langues ou plus, au service d'un projet interculturel : les livres bi/plurilingues dans l'édition jeunesse dans les années 1980 » Dans cette communication, je souhaite adopter une perspective historique, et revenir sur les modalités et enjeux de l’apparition sur la scène éditoriale française de textes plurilingues à destination de la jeunesse, au tournant des années 1980. Dans un article intitulé « Les livres bilingues en France 1975-1992 », publié en 1993, Pierre Bruno montre que, pendant cette quinzaine d’années, le nombre d’ouvrages bi/plurilingues à destination de la jeunesse est allé croissant, mettant au premier plan les thèmes et les langues en lien avec l’immigration. Pour reprendre les termes d’Elisabeth Chickha, les objectifs du livre pour la jeunesse après avoir été « linguistiques » sont alors devenus « psychologiques » : « grâce au livre bilingue, les enfants de l’immigration voient reconnues et valorisées les langues et les cultures de leurs parents ; étape nécessaire de leur personnalité » (1988 : 45). Aujourd’hui, alors que cette production bi/plurilingue, de plus en plus abondante, est régulièrement mobilisée dans des contextes éducatifs et péri-éducatifs, et fait l’objet de nombreux travaux de recherche (cf . entre autres les travaux de F. Armand et de son équipe, de C. Perregaux, D. Moore, C. Hélot, etc.), il semble pertinent d’examiner les continuités et les ruptures entre la période qui a vu émerger ce corpus et les questionnements qui l’accompagnent, et la période actuelle. Pour ce faire, je reviendrai sur quelques-uns des acteurs clés de la création et de l’édition des œuvres bi/plurilingues pour la jeunesse pendant cette large décennie et m’interrogerai sur les enjeux littéraires, sociolinguistiques et éducatifs de ces ouvrages. Comment le projet dont ils témoignent résonne-t-il avec les problématiques qui traversent la société – et l’école – des années 1980 et 90 (rapport Berque sur l’immigration à l’école de la République, par exemple) ? Quelle en est l’actualité aujourd’hui : peut-on affirmer, comme le faisait Pierre Bruno que les textes bilingues « hier littérature de la gratuité, de l’ouverture, du collectif et d’une révolte très ostentatoire /…/ se tournent désormais vers l’individuel, l’utilitaire et le recentrement géographique sinon le recentrement sur soi » (1990 : 208) ? Je m’intéresserai plus particulièrement au parcours de Suzanne Bukiet, autrice et éditrice engagée chez Syros, puis aux éditions Alternatives, fondatrice de la librairie internationale de jeunesse L’Arbre à livre membre actif de l’Association des amis de l’arbre à livres dont le but était « d’aider les enseignants à accueillir les enfants de l’immigration avec des livres valorisant leur langue et leur culture d’origine » (Nières Chevrel et Perrot : 2013). Pour elle, en effet, le dialogue interculturel est indispensable, face à la mondialisation et à l’internationalisation, et il passe inévitablement par la sensibilisation à la pluralité des langues, à leur apprentissage des langues dès le plus jeune âge. Dans cette optique, le livre de jeunesse bi/plurilingue a un rôle essentiel à tenir, notamment parce qu’il permet de donner aux enfants issus de l’immigration les moyens de maîtriser la langue et la culture française tout en voyant respectées la langue et la culture de leurs parents. De surcroît, il permet une découverte de l’altérité « élargie progressivement à toutes les langues du monde pour éviter de créer un nouveau ghetto » (Fillole, 1991). Références bibliographiques Armand Françoise, et Gosselin-Lavoie Catherine, Bibliographie de littérature jeunesse : « diversité linguistique et culturelle, processus migratoire, contacts, différences et racisme », [En ligne : https://www.elodil.umontreal.ca/fileadmin/documents/Litterature- Jeunesse/Bibliographies/Biblio_2019.pdf] , consulté le 15/05/20. Audras Isabelle et Maillard Nadja (dir.), Vivre la Littérature de Jeunesse dans la pluralité des langues : enjeux linguistiques, littéraires, éducatifs de la traduction. e-revue Publije, (à paraître 2021). Bruno Pierre, « Les Livres bilingues en France : 1975/1992 », dans : Jean Perrot et Pierre Bruno, La Littérature de jeunesse au croisement des cultures, CRDP d’Île de France, Académie de Créteil, 1992, p. 201-208. Bukiet Suzanne, « Tous les accents du monde ». Rencontre avec Suzanne Bukiet, La revue des livres pour enfants, n°167, février 1996, p. 107-115. Chikha, Elisabeth, Jeunesse et monde sans frontières. In : Hommes et migrations, n°1112, avril 1988. Fillole, Anne-Marie, « Des enfants, des cultures, des littératures », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 1991, n° 6, p. 577-582. En ligne : https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1991-06-0577-005 ISSN 1292-8399. Hélot Christine, Sneddon Raymonde et Daly Nicola (dir.), Children’s literature in multilingual classrooms: from multiliteracy to multimodality, London, Institute of Education Press, 2014. Moore Danièle et Sabatier Cécile, « Les approches plurielles et les livres plurilingues. De nouvelles ouvertures pour l’entrée dans l’écrit en milieu multilingue et multiculturel », Nouveaux cahiers de la recherche en éducation, vol. 17, no 2, 26 mai 2015, p. 32-65. Perregaux Christiane, « Les Sacs d’histoires ou comment développer des pratiques littéraciques bilingues entre l’école et la famille », Interdialogos, no1, 2000, p. 27-30. Nières-Chevrel Isabelle et Perrot, Jean, dir., Dictionnaire du livre de jeunesse, La littérature d’enfance et de jeunesse en France, Paris, éditions du Cercle de la librairie, 2013. Takam Tikou, La Revue des livres pour enfants, La bibliothèque polyglotte, dossier, Centre national de la littérature pour la jeunesse, 2019. ------------------------------------------------------------- En octobre 2020, Nabil Wakim, journaliste au « Monde » publie, « L’Arabe pour tous. Pourquoi ma langue est taboue en France », une enquête personnelle sur le rapport des enfants de l’immigration avec leur langue maternelle. Né au Liban et immigré en France à l’âge de 4 ans, il raconte dans cet essai, ses déboires pour réapprendre l’arabe, sa langue maternelle. L'arabe est en France dans une situation paradoxale : avec plus de 4 millions de locuteurs, c'est la deuxième langue la plus parlée dans l'Hexagone. Mais avec seulement 14 000 élèves inscrits dans le secondaire, c'est l'une des langues les moins enseignées dans le cadre scolaire.
Nabil Wakim s'interroge sur la possibilité de perdre sa langue maternelle, sur le rôle que jouent la famille, l'éducation nationale et le contexte politique dans la transmission de la langue. Pourquoi certaines langues sont-elles plus valorisées que d'autres en France ? La Langue arabe souffre-t-elle de conditions particulières qui expliquent ces difficultés de transmission ? Répondante : Marisa Cavalli, consultante auprès du Centre Européen des Langues Vivantes - Conseil de l’Europe ------------------------------------------------------------- Chantal Dompmartin, université de Toulouse 2 et Euriell Gobbé-Mévellec, Inspé-université de Toulouse-Occitanie-Pyrénées « Des albums plurilingues et pluriculturels pour rencontrer l'autre à travers la littérature » Durant notre communication, nous souhaitons préciser le périmètre du projet Livre Ensemble construit à Toulouse depuis 2014 : les acteurs, les différents points de vue qui s'y rencontrent, l'objet de notre travail, les différentes actions menées. Puis nous nous arrêterons plus spécifiquement sur certains résultats de recherche, et sur certains dispositifs didactiques, afin de pouvoir échanger avec le public : - la définition de l'album pluriculturel (Gobbé-Mévellec, 2019), - une expérimentation en classe de cycle 3 à partir de La robe rouge de Nonna, de Michel Piquemal et Justine Brax, - une proposition de typologie des albums multilingues, - une expérimentation à partir d'albums plurilingues avec des professeures des écoles stagiaires - un album pluriculturel particulièrement riche, Là où vont nos pères, de Shaun Tan, qui a fait l'objet d'un travail en UPE2A en collège, d'une part, et qui est d'autre part à la base d'ateliers d'écriture plurilingue avec des apprenants allophones adultes. La ligne directrice qui organise ces différents focus est l'idée que l'album jeunesse constitue un outil doté d'un immense potentiel pour mettre en oeuvre une éducation à l'altérité, construire l'empouvoirment des élèves, transformer les pratiques enseignantes. Répondante : Filomena Martins, université d'Aveiro -------------------------------------------------- Céline Touchard, lectrice-formatrice, Association L.I.R.E : le Livre pour l’Insertion et le Refus de l’Exclusion, https://lireaparis.wordpress.com/ « Histoires d’hospitalité : Lire des albums avec les bébés et leurs familles dans les lieux d’accueil de la petite enfance » Depuis 20 ans, l’association L.I.R.E (le Livre pour l’Insertion et le Refus de l’Exclusion) sillonne le territoire Parisien avec l’objectif de médiatiser la lecture auprès de tous les publics, dès les premières semaines de la vie. Dans son projet, la lecture individualisée d’albums sélectionnés avec soin se veut un moyen de resserrer les liens familiaux et de valoriser les compétences de chacun. Dans ses retours d’expériences, l’association défend une vision accueillante de la lecture à voix haute, quel que soit l’âge de la personne rencontrée, son niveau de compréhension du français ou de maitrise des codes de l’écrit. Ses terrains privilégiés sont ceux où l’on rencontre des jeunes enfants et des adultes qui prennent soin d’eux : les consultations de PMI, les relais d’assistantes maternelles, les centres sociaux, les pouponnières, les Lieux d’accueil Enfants Parents, mais aussi les bibliothèques, les écoles… Dans une démarche partenariale affirmée. --------------------------------------------- Nadine Desrochers, Université de Montréal, professeure agrégée, spécialiste dans l’aide aux lecteurs et les liens que font les usagers dans leurs pratiques de lecture. Mots-clés, thèmes de son intervention : Adaptation des services d’aide aux lecteurs pour les jeunes, avec les enjeux spécifiques que cela apporte ; importance des choix de lecture par l’usager-jeunesse ; inclusion/inclusivité et censure (active ou passive) ; outils disponibles pour les suggestions jeunesse (publics adolescents) ------------------------------------
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